vendredi 10 octobre 2008

si tu passes un jour par là
ne laisse pas le brouillard attrister mes terres


hier le saule était gonflé de nuages
et j’ai peur pour l’étang


si tu passes un jour par là
laisse moi un point bleu
le minuscule myosotis


tu sais bien
celui que j’aimais tant

samedi 4 octobre 2008

automne
la brume est entrée dans la chambre pour nous obligé à voir
le vulgaire et la peur se sont emparés du jardin
le feu s’est éteint où finit la patience


mais chaque instant est parfait
il ne faut pas en faire un mauvais souvenir


et dans le silence qui nous revendique
je suis seul en nous deux


je suis seul en nous deux et je mange la misère tiède dans mon assiette

dimanche 28 septembre 2008


à pas lents nous irons vers la maison du soir où brillent les oliviers

où les poissons eux-mêmes après leur mort revivent
où l'huile a la douceur et l'éclat de l'enfance

on reverra ceux-là qu'on avait tant aimés partager le repas
la nappe sera blanche
le pain sera coupé par des mains fraternelles
le vin un peu renversé sur la table

on entendra dans l'ombre les cigales se taire
un oiseau voler

et le sel de la nuit versera sur nos plaies un peu d'éternité

samedi 20 septembre 2008

champs moissonnés nudité dernière
la chaleur des tournesols à la dérive n’est plus
les cigales replient leurs violons sur les étés à venir
absence de ton corps de ton corps d’eau
ô rivière imprévisible


sous leurs plumes les colombes transparentes se sont tues
mais dans les hautes herbes s’échappent des lapins ensorcelés par l’afflux des chasseurs
dans les trèfles une faux aveugle tâtonne le nid aux perdrix


c’est comme si l’on chantait les ossements blancs dans la lumière vierge
c’est comme si une main qui n’est pas la mienne pétrissait la solitude
la solitude à ton image et ressemblance

dimanche 14 septembre 2008


en rallumant la lampe je reprendrai la page avec des mots plus pauvres plus justes si je peux
je choisirai le pays qui palpite entre ciel et visage
un été bleu de chaise longue et de fables sous les mouches
puisque ma Provence est partout mentale
nous comparerons nos blessures


septembre serre le cœur
septembre ses ombres longues
il pleut de vrais sanglots comme à l’instant de se quitter après une guerre d’amour
voilà qu’il neige à n’en plus finir de plein fouet sur le chagrin


les eaux de pluie déversent déjà les saisons d’antan
Général Automne non tu n’auras aucun de nos sourires


le soleil ressortira ses volets clos parmi les siestes
Midi durera des heures interminables

samedi 30 août 2008


arrête toi au fond du jardin d’enfant
pour l’air et pour le peu de roses
arrête toi je te rejoins
tu es plus belle que mon attente


plus terrible encore puisque le temps cesse
quand tu as cessé de nous aimer
ma mémoire depuis pousse la grille en fer
pas à pas sur la terre humide de rosée
je nous rejoins


il n’y a plus d’enfant dans le jardin
quelques pas ont gravé la terre
c’était nos pas et comme je l’imaginais
notre amour a disparu derrière les ronces

mardi 12 août 2008

XVII

tu fus la plus belle dans ta robe

au plus clair de la terre tu rêvas à voix haute

tu t’endormis sous les bouquets
et parfois entre les pages des livres

tu connaissais le monde pour avoir traversé le jardin un mouchoir sur les yeux

à tue tête ton cœur parmi les rosiers
une brassée d’astres en ces matins de cavalerie légère

mais déjà la nuit dépliait ses velours
des essaims d’abeilles revenaient du large
un peu de ciel collé aux pattes

il était grand temps de partir

mercredi 6 août 2008

XVI

tous les visages de mon amour
je les affiche sans faillir
ils sont l’intranquillité sur la table

échos masques aux parois des chambres
ils disent mes morts
jusqu’à l’ultime qui viendra comme les autres

tous les visages de mon amour épinglent le sourire
les larmes leurs trésors sont des mots depuis le fond des âges

tous les visages de mon amour disent la même aventure
comment aimer encore
parler quand la bouche soudain défaille
que s’agenouille un oui sur les lèvres

tous les visages de mon amour ne sont pas encore visibles
puisque tous le visages de mon amour sont en quête du tien

dimanche 27 juillet 2008

XV

sais tu sais tu que c’est toi que j’attends
qui ne vient pas qui ne vient plus je m’en doutais
et tout ce bruit où je me tais où je n’entends
qu’un rire au loin des temps ensemble
onze ans onze ans que tout se tait

26 août 1996 comme un poignard sur mes paupières
j’ai connu les appartements qu’on partage comme la faim
j’ai connu le manque de tout qui dure depuis des années
au retour il y a toujours la même carafe
le même ciel

nulle part le cœur ne se brise comme à l’Isle la douleur
il y a sais tu plusieurs espèces de solitudes
comme celle d’hier tout hier avec sa grande pluie du dimanche
mais je suis bien aussi vivant que mon amour
je suis bien aussi vivant que mon désespoir

si jamais plus tard tu reviens dans mon pays jonché de pierres
si jamais tu revois un soir les iscles que fait la rivière
si tu retrouves dans l’été les bras noirs qu’ont ici les nuits
et si tu n’es pas seule alors dis lui de s’écarter dis lui
de s’écarter le temps de renouer ce vieux songe illusoire
ce vieux songe illusoire que porte le mot amour

sais tu sais tu que c’est toi que j’attends
qui ne vient pas qui ne viendras plus je m’en doute
et tout ce bruit où je me tais où je n’entends
qu’un rire lointain des temps ensemble
onze ans onze ans déjà que tout se tait

j’ai tout tenté pour t’oublier

mardi 22 juillet 2008


XIV

paresse et ennui ont passé leurs mains lourdes dans la chevelure des étés
le dernier soleil a fait une torche devant nous des fruits du mûrier
éclaboussant de pourpre et d’or le jardin fermé de notre amour

et nos yeux d’habitude
puis la brume est venue
et tes larmes
et l’hiver accrochant aux barbelés de l’horizon la robe du premier bal

la robe sans couture et la promesse non tenue
de changer l’eau des jours en vin
de changer l’eau chaque jour
et la soif
et la mer

lundi 14 juillet 2008

nos souvenirs ne sont plus partagés


XIII

je n’ai pleuré en vérité qu’une seule fois
le soleil en disparaissant a effacé nos images
nos visages ont roulés dans la fosse du ciel et je ne croyais plus au lendemain

onze hivers j’aurai renoncé au centième de l’espérance
afin de pouvoir encore mieux aimer un jour ce que mes mains d’autrefois n’ont fait qu’effleurer sous l’olivier trop jeune

il faisait nuit
nous nous étions serrés l’un contre l’autre sous le grand chêne des larmes

dimanche 6 juillet 2008

XII

lorsque ton cœur battra six fois aux alentours
sur cette terre où nous étions mortels
il sera trop tard pour changer le cours des choses
le rire des enfants
le chant des oiseaux

l’amour nous rassemble le sommeil nous sépare
entre le jour des ombres et l’ombre de la nuit
ainsi en est il aujourd’hui depuis la fin du monde
l’instant d’après l’éternité

lorsque ton cœur battra six fois aux alentours
il sera trop tard pour changer le cour des choses
avant que mes lèvres ne trouvent le lieu tendre
cette paix animale
entre ton épaule
entre ton épaule et ton cou

dimanche 29 juin 2008


XI

l’inquiétude si tu veux si seuls nous sommes
un champ de tournesol aperçu ce matin
à travers les vitres de l’autobus quotidien
il y a ici plus de mille ans d’histoires
un temple protestant en ruine abandonné

les provences l’été commençant
cadran solaire et boussole
je cherche l’avenir sur une carte
ô mon inépuisable géographie

il y a ici un seul être humain à la ronde
un seul être humain, mais c’est toi

dimanche 22 juin 2008

X

la pluie est une amour morte dont nous gardons la voix tremblante au fond du cœur comme un secret
il n’y a pas de mot pour le silence
le temps me dure d’être sans toi

le souvenir l’oubli des jours maigres et de pain dur
c’était hier et çà reste comme le ciel dans la mémoire
un bleu de plus en plus rapiécé

le corps est pris qui croyait prendre l’amour unique entre ses bras où tout est perte
le corps est pris qui croyait prendre l’amour unique où tout finit par s’écrouler comme un mur

dimanche 15 juin 2008

IX

je t’ai donné des noms de dame de cœur
des noms de silhouette ou de commencement
des noms d’horizons maritimes
un nom comme le titre d’un film

je t’ai donné des noms dépourvus de syllabes pour occuper le vide
afin de croire que tu existais et ne pas rendre mon billet à l’impossible
des noms jamais tout seuls
mais enchainés en rythme dans mes proses
huit dix douze comme dans les poèmes

roi de pique
as de trèfle
valet de carreau
je ne fus que carte à jouer

les mots que j’écris à présent sont notre descendance
les enfants inconnus de l’amour que nous avons fait si souvent
l’amour que nous avons fait si mal aussi puisque nous ne savions rien de lui naguère

dimanche 8 juin 2008

VIII

je me souviens parfois de mon enfance et de tout ce ciel rieur

nous y marchions comme dans le jardin en chuchotant des histoires
nous le touchions avec les doigts nous en barbouillant le visage

on se laissait aller
nous n’étions jamais seul
nous prenions les photographies de l’amour

il n’y avait pas les villes fumantes
aucune digues
pas de navires
pas de séparation ni d’horloges

nos cœurs battaient tout doucement au fond de l’eau
des femmes au large restaient assises les jambes croisées

les soirs d’été duraient longtemps

dimanche 1 juin 2008


VII

j’ai laissé dans l’herbe et dans la boue
tout un hiver souffrir le parasol
laissé le vent abattre la maison des oiseaux
laissé à l’abandon les parterres de roses

par paresse et ennui j’ai laissé tant de choses mourir autour de moi
qu’il ne me reste plus pour reposer mes yeux qu’un courant d’air dans la maison

et je m’étonne encore je m’étonne
que le froid me saisisse au cœur même de l’été

dimanche 25 mai 2008


VI

j’ai construis mes jours sur les décombres de nos nuits
et plus souvent qu’à mon tour trébuché sur nos marelles

au hasard des quais et des gares
j’ai tourné le dos à nos bagages
mais ils s’obstinent à me faire les poches

et mon pire supplice
au-delà de l’actuel lent déshabillage de nos souvenirs
fut de n’avoir jamais été dépouillés
sauf du dérisoire

hélas j’étais seul et seul à voir dans la paume de mes mains
tout ce qui nous brûlaient les doigts
tout ce que tu m’as refusé
puisque tu m’as tout refusé de ce que nous voulions donner

et je reste plein d’un désespoir écarlate
en cet instant de crispation du temps
et de son aile noire
un grand pressentiment me frôle

j’ai donc construis mes jours sur les décombres de nos nuits
et plus souvent qu’à mon tour trébuché sur nos marelles
là où cependant tout était simple

samedi 17 mai 2008


V

crépuscule bleu de l’été
cette fille prés de la porte a caché son émotion
elle sait que tu reviendras

la vieille qui hochait la tête ?
sa grand-mère sans aucun doute

son cœur a battu plus fort
juste comme autrefois

samedi 10 mai 2008


IV

ces fleurs sont des soucis
tout se courbe sous l’orage qui vient
on court s’abriter de la pluie
presser d’en finir
sonder le vide
celui de la vie qui se refuse et qu’aucune image ne vient combler

avec çà l’enfance s’achève
les visages perdront un jour l’équilibre
les soucis ce bel air négligé
l’enfant disparaîtra dans un jeune homme

mais notre abri est une arme légère contre le temps
et plus légère encore l’eau limoneuse qui filtre et ruisselle à travers les branches en simulant les sources

samedi 3 mai 2008


III

aux grandes marges du silence
la terre touchée par le regard se replie avec un bruit sec
le soleil ne fait pas mystère de son impatience
les oiseaux n’ont pas voulu s’envoler

terre si bien libre sans trace d’outils

je n’ai pas vu vieillir le paysage
je le soupèse
il est si léger qu’il élève au ciel de plus durables échos

je subis la distance

samedi 26 avril 2008


II

au long de ma mort j’aurais tout le temps nécessaire
la lenteur m’ouvrira ses bras

vous me coucherez sur son grand corps
vous me coucherez sur son grand corps comme je me suis couché sur le corps de l’amour

mais sans impatience
sans frémissement
sans extase

avec seulement le grand battement silencieux de mon âme
avec seulement le grand battement silencieux de mon âme qui continuera son voyage

immobile enfin
je saurai attendre

samedi 19 avril 2008

APOLOGIE POUR UN AMOUR


I

au départ de la voyageuse
son regard sonde les ténèbres
des vies à naître se croisent
dans le silence qui les précède
l'horizon s’instable
elle décrypte les ondes de l'amour


en zone d'ombre

une femme lente et longue déserte l'inconfort
sillonne les espaces inséparables

un femme lente et longue peuple le temps profond


attentive au pays qui se tait
elle veille sur les collines sans histoire
nomme la plaine absente et le vert des prés enclos

au pays sans abri

la forêt est légende
et sa faune et sa flore
sans aires et sans souches
implosent en secret et grandes

quelque part sans elle
le vent recense chaque pierre qui frissonne dans le silence
ses fissures et ses ronces

une parole

une parole et une lanterne l'accompagne dans la nuit verrouillée

dimanche 13 avril 2008

IX

un ami me l’a dit
je l’ai lu dans le journal
c’est donc vrai ce petit bois près d’ Alleins
la source graillonneuse
la clairière de septembre
les foins en rouelles
la faneuse rouillée
et ton ombre si légère pendue sous la lune

je ne demande pas pourquoi
je ne demande rien
chacun tombe soudain comme un vent hors d’haleine
si tu m’avais appelé
si tu m’avais écrit
j’aurais pris sur moi ta chance perdue
j’aurais pris le temps de vivre comme tu n’as pas vécu

mais tu ne pouvais plus percer ta détresse
on a sa fierté
on ne se jette pas contre les portes comme un mendiant
on a sa pauvreté sa peau à porter on y reste
que veut-il celui-là son pain de tendresse les miettes d’amitié
il apporte l’espoir mais il oublie la justice

je t’aurais parlé d’une patrie à partager comme une eau froide
après la fonte des neiges après la patience de se taire
je t’aurais montré ton visage tes années au front des ruelles mouillées
j’aurais mis ta main sur la mousse des humains si douce à la terre

j’aurais gagné un jour
l’espace de renaître
j’aurais gagné un jour
j’aurais gagné un jour peut être

dimanche 6 avril 2008

VIII

tu te diriges vers la porte phosphorescente
et cela fait un rendez-vous
demain à telle heure sautante
je viendrai plus seul que je ne suis sans toi
avec ma figure méconnaissable
dans mes habits d’emprunt

je me suis déjà caché dans les bois
je me suis déjà caché dans les fossés
j’ai déjà provoqué en toi le rire
l’incrédulité
je serai cette fois celui que tu n’as pas connu
et qui n’aime qu’à te surprendre

le regard que je jetterai sur tes épaules
sera comme une pluie d’éclipse
il descendra lentement de son cadre solaire
mes bras autour de ton cou

je t’apparaîtrai avec mes mains sur tes yeux
et tu ne pourras rien prendre
l’amour s’étendra comme je t’aime

dimanche 30 mars 2008

VII

nous autres les hommes dans les cimetières
il faut nous voir nous tenir droit
sans savoir où mettre les mains

alors on les croisent devant nous
pour protéger ceux qu’on croie être le plus précieux

nos femmes elles savent avec leurs mains
elles ont toujours un sac
un mari
un mouchoir
ou un bébé pour s’accrocher

quand aux enfants
çà fait longtemps qu’ils sont partis s’amuser sur les graviers
courir sauter et se cacher

nous les appellerons dans un instant pour déposer les roses
en attendant on peut toujours croire qu’ils sont insouciants

dimanche 23 mars 2008

VI


mes amis mes très chers amis
il me semble déjà que vous avez abandonné vos projets de venir un de ces quatre matins
vous ne serez pas là demain et il y a trop de jours que je me répète cela

je vis très modestement
je sors peu
je suis presque toujours très fatigué
je tousse
il fait beau
je n’en profite pas
je ne sors que pour aller travailler
je retrouve si peu des purs matins de ma vie et si peu de nos nuits délabrées que se sont les larmes qui m’endorment
elles me font les paupières presque transparentes
je ne m’éveillerai pas
je m’éveillerai

ne soyez pas effrayés il est tard
ma femme et mon fils dorment à l’étage
le silence vient de moi dans l’habituel vacarme énorme de l’autoroute A7

vous savez combien je vous aime

mercredi 12 mars 2008

V

L’ETERNITE AUX LEVRES

I

en buvant l’eau fraîche des arbres dans le pays de ma mère
quand ce sera la dernière fois de nous
faute de temps et de mémoire aussi
nous entretiendrons un feu dans la nuit la plus simple
car je sais qu’il ne brûlera pas en vain

II

j’entre ce soir dans la maison déserte
sous le saule pleureur l’ombre a tout saccagé
même le silence est différend dans l’été qui insiste
nous n’y perdrons seulement que l’attente

III

non ce n’est pas toi ni moi c’est le monde qui parle
c’est sa terrible beauté
au comble de l’accablement
je commence à croire que la nuit m’attend toujours

IV

et je m’en suis pris aussi à l’absence sous toutes ses formes
j’ai serré dans mes bras des apparitions sous le signe de la cendre
des amours multiples plus nouveaux que le premier
celui qui m’a fermé les yeux à l’espoir et à la jalousie

V

la vision trouée par le cri de Sisteron
la montagne avait un peu glissé
sans dégager aucune époque
chaque soir qui nous virent séparer

VI
l’aube du troisième jour fut celle de notre séparation
personne n’amuse l’amour l’amour n’amuse plus personne
et pour que nos espoirs puisent regravir nos cœurs
il nous faut ne plus rien voir ne plus rien entendre

VII

mort minuscule de l’été
déterre moi mort éclairante
maintenant que je sais vivre
je distingue déjà tes yeux nouveaux d’éternité

samedi 1 mars 2008

IV

j’ai des envies de terrain vague
quand le jour s’abîme derrière l’horizon
et laisse une brèche rouge pour les yeux

il y a des ombres écorchées dans les ronces
des pneus jetés au fond du ravin qui brûlent

il n’y a pas à détester cette fumée nocive

présage d’un rituel sans rêve
pour un sommeil de brute

les tôles raniment au moindre vent
l’âme rouillée d’une sorte de violon
pareille à la plainte des loups

c’est l’heure des questions sans réponse
et d’un désir sans usage
je voudrais boire la pluie
dans tes cheveux et sur ton cou

être à nouveau en friche

dimanche 24 février 2008

III

dans le grand pays de nos yeux fermés
je suis parvenu avec mon tourment
sur ces crêtes où hauteur et profondeur n’échangent plus leur différence
sur ces crêtes où hauteur et profondeur sont inexorablement égales
je me suis accoutumé au mouvement perpétuel de la solitude

solitude solitude aux marges de plus en plus grandes
dans le cœur obèse du silence
l’éternité régnait sur cette heure si brève
pour faire l’amour
pour faire l’amour et puis le pire

sur le cadran des sécheresses
je déchire les jours pour t’en faire un manteau
sur le cadran des sécheresses plus au sud
plus au sud j’habite d’autres paysages

samedi 16 février 2008

II

c'est donc ainsi que tout finit
c’est donc ainsi déjà la fin
à un coin de table

dans un café rance

sur le boulevard des éboulis
avec une tasse d'eau tiède
et l'éternel sachet Lipton
délicatement posé sur la soucoupe
pour étancher notre soif de deux ans


toi tu ne resteras pas
et moi j'ai comme toujours un train à prendre pour la Provence
la seule blancheur de tes mains suffit à m'étourdir

l'essor de ta robe bleue

samedi 9 février 2008

FAUTE DE TEMPS

I

autour du soleil commun
il y a là dans le pays d’été
très prés du ciel
la joie simple de boire pour ceux qui errent
les yeux remplis de quelques souvenirs

puis c’est à nouveau la grande nuit d’avant
la nuit qui règne sans fin concevable sur le monde
mais je vais à la fenêtre une fois encore
qui domine la terre qui nous aima

mon cœur reste pris à ces voix qui chuchotent
là bas encore et se font indistinctes
en s’éloignant sur les chemins de sable

où j’ai longtemps marché marché longtemps
assez suffisamment pour savoir
la taille exacte de la mort
elle est grande très grande
et rien ne lui ressemble

et je traverse les chambres à l’étage
où dort toute une part de ce que nous fûmes
hier dans la pluie d’été soudaine si vive
le temps ne nous a rien pris

je n’ai jamais revu l’enfant silencieux
qui se lavait les yeux dans les rivières
je ne l’ai pas revu et ses amies les pierres
ses amies les pierres ne m’ont rien dit tout bas

dimanche 3 février 2008

IX

sur le fleuve quand le soir déborde
des champs qui deviennent au loin l’horizon
au dessus des arbres soudain changés en ciel
j’ai vu l’amour à visage découvert

elle avait souffert des siècles durant
de devoir vivre dans le regard des hommes
à la merci des larmes
à la merci des pays inconnus qui s’étendent d’une tempe à l’autre
à la merci des déserts que la mort élargit

mais je ne l’ai vu que le temps de la reconnaître
elle s’en est allée aussitôt

mes mains seules n’ont pût la retenir

samedi 19 janvier 2008

VIII

sur le bord de la route où l’ombre est rare et l’amour incertain
je porterai l’eau fraîche aussi loin que possible

dimanche 13 janvier 2008

VII

nous quitterons les jours étranges car
demain je fermerai le ciel mes yeux tes yeux
où irons nous ? au temps qui passe
et qui repasse au gré de moi
au gré de toi qui es en moi
au gré du chagrin qui s’efface

et cette mélancolie dans la nuit requiem
cet homme ancien que je vois dans notre fils
il est six heures ici Saturne se promène
j’ai peur peur d’être sans toi je ne suis plus rien

aime moi comme l’ombre dans ce pays lumineux
où la lumière n’est plus un cadeau
mais une obsession vers l’ocre
comme l’or quand tu rêves
et le temps qui n’est pas et le temps qui n’est pas

il pleut il pleut sur l’homme de l’année dernière
rentre chuchote-t-on rentre il se fait tard
le mouchoir est tombé par-dessus nos larmes
demain peut être nos vies serons plus confiantes

te souviens tu de cette déjà vieille enfance
et de ce nuage au sommet de la Sainte
sur lequel nous sommes montés pour voir
pour voir à quoi ressemble le paradis ?

le sable des amants n’est qu’un hôtel de passe
partout tu trouveras la pâleur de l’absence
deux larmes deux larmes dans un peu d’eau
et le murmure sans fin de toutes nos ombres

je ne sais sais rien de rien sinon l’enfance
ce beau commencement quand tout est déjà fini
tous les soirs d’été où il n’y a plus de nuit
la foudre lente et calme du sommeil

le temps personne ne peut arrêter le temps
sauf le rire des enfants dans l’herbe haute
les jeux des enfants à tout jamais dans leur joie
la joie incomplète du monde

l’air était frais ce matin là
la grappe des collines à mûrie trop vite
en voilà presque en voilà le vin nouveau
là haut dans l’avenir là haut dans l’avenir

samedi 5 janvier 2008

VI

nous nous étions allongés parmi les moissons
et l’univers s’endormit en même temps que nous
nous étions sûrs qu’aucun chemin n’avait pût nous suivre
la mort même avait perdu notre trace