samedi 24 novembre 2007

VIII
tu poses sur la table le pain
le vin paisible
la rose choisie au petit jour avec les prunes bleues

sur les mains coule l'eau de la source
chacun prend sa place pour la célébration
il n'y a pas encore d’étoiles dans la nuit
les amis nous quittent parlant d'abeilles et de clairières
nous les guidons au bord de l'eau avec nos lampes calmes

les jours les éloignent comme la barque du voyage
l'eau du soir garde les visages
comme la rivière ils ne vieilliront pas

samedi 17 novembre 2007

VII

nous partagerons l'été comme une noix
mais sans voir nos visages
sans que nos doigts se touchent

la rivière de notre joie reste toujours la même
toujours nouvelle pourtant
l'un de l'autre en aval
l'un de l'autre en amont

notre amour passe la porte des rêves
à l'ombre des platanes
et de l'entêtant carillon

nous partagerons l'été comme on partage un lit
le lit du fleuve de nos songes
au temps de la lune rousse

samedi 10 novembre 2007

VI

les lampadaires portent un voile de mariée ce matin
de brume terne et un peu triste

sur le pont encore frileux alangui de la nuit
des étoiles attardées soupirent

le rond point de la gare désert à l’haleine corrompue

de longues attentes se préparent au chahut
déjà le bus scolaire raide et austère va mourir pour ressusciter de l’autre côté du passage à niveau


c’est l’aube fragile soufflant sur les paupières
le petit matin s’épanouit puis meurt
quelques heures encore et le monde battra la cadence
les minutes deviendront secondes
les instants se calculeront au comptoir de la vie
impitoyables


et je reviendrai demain quand l’aurore légère brisera ma nuit

samedi 3 novembre 2007

V

je t’aimerai toujours chantait mon amoureuse

le vent tournoyait autour de son jupon clair
la mer se levait dans un grand souffle d’ailes
les moulins soumis tendaient leurs toiles bleues
le ciel se déversait sur les toits éblouis
et la terre était jaune et la mer était verte

elle allait répétant je t’aimerai je t’aimerai

aujourd’hui
le vent chasse le sable au cœur des rues désertes
la mer a arrachée les digues de la nuit
il n’y a que l’amour qu’on peut aimer toujours

je t’aimerai toujours chantait mon amoureuse