samedi 26 avril 2008


II

au long de ma mort j’aurais tout le temps nécessaire
la lenteur m’ouvrira ses bras

vous me coucherez sur son grand corps
vous me coucherez sur son grand corps comme je me suis couché sur le corps de l’amour

mais sans impatience
sans frémissement
sans extase

avec seulement le grand battement silencieux de mon âme
avec seulement le grand battement silencieux de mon âme qui continuera son voyage

immobile enfin
je saurai attendre

samedi 19 avril 2008

APOLOGIE POUR UN AMOUR


I

au départ de la voyageuse
son regard sonde les ténèbres
des vies à naître se croisent
dans le silence qui les précède
l'horizon s’instable
elle décrypte les ondes de l'amour


en zone d'ombre

une femme lente et longue déserte l'inconfort
sillonne les espaces inséparables

un femme lente et longue peuple le temps profond


attentive au pays qui se tait
elle veille sur les collines sans histoire
nomme la plaine absente et le vert des prés enclos

au pays sans abri

la forêt est légende
et sa faune et sa flore
sans aires et sans souches
implosent en secret et grandes

quelque part sans elle
le vent recense chaque pierre qui frissonne dans le silence
ses fissures et ses ronces

une parole

une parole et une lanterne l'accompagne dans la nuit verrouillée

dimanche 13 avril 2008

IX

un ami me l’a dit
je l’ai lu dans le journal
c’est donc vrai ce petit bois près d’ Alleins
la source graillonneuse
la clairière de septembre
les foins en rouelles
la faneuse rouillée
et ton ombre si légère pendue sous la lune

je ne demande pas pourquoi
je ne demande rien
chacun tombe soudain comme un vent hors d’haleine
si tu m’avais appelé
si tu m’avais écrit
j’aurais pris sur moi ta chance perdue
j’aurais pris le temps de vivre comme tu n’as pas vécu

mais tu ne pouvais plus percer ta détresse
on a sa fierté
on ne se jette pas contre les portes comme un mendiant
on a sa pauvreté sa peau à porter on y reste
que veut-il celui-là son pain de tendresse les miettes d’amitié
il apporte l’espoir mais il oublie la justice

je t’aurais parlé d’une patrie à partager comme une eau froide
après la fonte des neiges après la patience de se taire
je t’aurais montré ton visage tes années au front des ruelles mouillées
j’aurais mis ta main sur la mousse des humains si douce à la terre

j’aurais gagné un jour
l’espace de renaître
j’aurais gagné un jour
j’aurais gagné un jour peut être

dimanche 6 avril 2008

VIII

tu te diriges vers la porte phosphorescente
et cela fait un rendez-vous
demain à telle heure sautante
je viendrai plus seul que je ne suis sans toi
avec ma figure méconnaissable
dans mes habits d’emprunt

je me suis déjà caché dans les bois
je me suis déjà caché dans les fossés
j’ai déjà provoqué en toi le rire
l’incrédulité
je serai cette fois celui que tu n’as pas connu
et qui n’aime qu’à te surprendre

le regard que je jetterai sur tes épaules
sera comme une pluie d’éclipse
il descendra lentement de son cadre solaire
mes bras autour de ton cou

je t’apparaîtrai avec mes mains sur tes yeux
et tu ne pourras rien prendre
l’amour s’étendra comme je t’aime