dimanche 13 avril 2008

IX

un ami me l’a dit
je l’ai lu dans le journal
c’est donc vrai ce petit bois près d’ Alleins
la source graillonneuse
la clairière de septembre
les foins en rouelles
la faneuse rouillée
et ton ombre si légère pendue sous la lune

je ne demande pas pourquoi
je ne demande rien
chacun tombe soudain comme un vent hors d’haleine
si tu m’avais appelé
si tu m’avais écrit
j’aurais pris sur moi ta chance perdue
j’aurais pris le temps de vivre comme tu n’as pas vécu

mais tu ne pouvais plus percer ta détresse
on a sa fierté
on ne se jette pas contre les portes comme un mendiant
on a sa pauvreté sa peau à porter on y reste
que veut-il celui-là son pain de tendresse les miettes d’amitié
il apporte l’espoir mais il oublie la justice

je t’aurais parlé d’une patrie à partager comme une eau froide
après la fonte des neiges après la patience de se taire
je t’aurais montré ton visage tes années au front des ruelles mouillées
j’aurais mis ta main sur la mousse des humains si douce à la terre

j’aurais gagné un jour
l’espace de renaître
j’aurais gagné un jour
j’aurais gagné un jour peut être

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