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III
dans le grand pays de nos yeux fermés
je suis parvenu avec mon tourment
sur ces crêtes où hauteur et profondeur n’échangent plus leur différence
sur ces crêtes où hauteur et profondeur sont inexorablement égales
je me suis accoutumé au mouvement perpétuel de la solitude
solitude solitude aux marges de plus en plus grandes
dans le cœur obèse du silence
l’éternité régnait sur cette heure si brève
pour faire l’amour
pour faire l’amour et puis le pire
sur le cadran des sécheresses
je déchire les jours pour t’en faire un manteau
sur le cadran des sécheresses plus au sud
plus au sud j’habite d’autres paysages
II
c'est donc ainsi que tout finit
c’est donc ainsi déjà la fin
à un coin de tabledans un café rancesur le boulevard des éboulisavec une tasse d'eau tièdeet l'éternel sachet Liptondélicatement posé sur la soucoupe
pour étancher notre soif de deux anstoi tu ne resteras paset moi j'ai comme toujours un train à prendre pour la Provencela seule blancheur de tes mains suffit à m'étourdirl'essor de ta robe bleue
I
autour du soleil commun
il y a là dans le pays d’été
très prés du ciel
la joie simple de boire pour ceux qui errent
les yeux remplis de quelques souvenirs
puis c’est à nouveau la grande nuit d’avant
la nuit qui règne sans fin concevable sur le monde
mais je vais à la fenêtre une fois encore
qui domine la terre qui nous aima
mon cœur reste pris à ces voix qui chuchotent
là bas encore et se font indistinctes
en s’éloignant sur les chemins de sable
où j’ai longtemps marché marché longtemps
assez suffisamment pour savoir
la taille exacte de la mort
elle est grande très grande
et rien ne lui ressemble
et je traverse les chambres à l’étage
où dort toute une part de ce que nous fûmes
hier dans la pluie d’été soudaine si vive
le temps ne nous a rien pris
je n’ai jamais revu l’enfant silencieux
qui se lavait les yeux dans les rivières
je ne l’ai pas revu et ses amies les pierres
ses amies les pierres ne m’ont rien dit tout bas
IX
sur le fleuve quand le soir déborde
des champs qui deviennent au loin l’horizon
au dessus des arbres soudain changés en ciel
j’ai vu l’amour à visage découvert
elle avait souffert des siècles durant
de devoir vivre dans le regard des hommes
à la merci des larmes
à la merci des pays inconnus qui s’étendent d’une tempe à l’autre
à la merci des déserts que la mort élargit
mais je ne l’ai vu que le temps de la reconnaître
elle s’en est allée aussitôt
mes mains seules n’ont pût la retenir