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V
je commence à bercer mon tempsj’ai couturé un vêtement de tes absencesje l’ai revêtu contre le mal
contre la faimj’ai cueilli des fleurs apaisantes pour chanter la soif qui pleurait si bienj’ai coiffé mon front de collines blondesj’ai tout changéj’ai mené paître mes désirs à pas de chagrindans les plaines rondes où le soleil est pour demain
avec des brins de toi au vent volés l’un après l’autrej’ai bâti une route qui double les oiseaux vers l’Estsans aucune fatigue
dans le ciel
IV
je cherche ton regard comme un aveugle cherche le monde qu’il a perdu
ce grand regard qui vient vers moi m’apporter celui de toutes les femmes
il est pour moi beau comme un de ces couchants devant lesquels on s’arrête de respirer
et je ne vois plus rien de ce cette mer naissante à nos pieds pour rejoindre l’horizon
je ne retrouve plus ton regard dans mes mains
et pourtant elles l’ont tenu comme on tient les brassées d’herbes dans le soleil au moment où la terre se roule dans l’été
je cherche ton regard au fond de mes nuits
dans toutes les vitrines où il s’est miré
mais il ne me reste rien de lui
pas même ces larmes qui ont glissé d’entre mes doigts
III
c'était dans un pays d'avant l'exil et de naguèreet je ne savais plus combien de temps à vivre il me restait
un vieux pays d'eaux mortes et de fleurs séchées
une contrée lointaine autrefois une patriebien au-delà des fleuves qui charrient les glaceset l'ancienne maison où dorment au soleil les roses trémières
maison d'enfance et de mémoireet cette odeur en moi des menthes sauvages
II
ce qu’il faut de douceur pour rester doux parmi les autres ce qu’il faut savoir danser une danse où à deux pas en avant succède un pas en arrière ce qu’il faut d’absence au milieu du désir pour rester fidèle à un souvenir
qui est à la fois un visage de jeune fille
un fleuve sous la lune
une promessece qu’il faut de fidélité à une tombe
son bouquet de neige
pour quitter un jour la tendresse
et vouloir changer la brutalité du monde
I
amenez moi la femme qui a connu la foudre
élevée feuille par feuille dans le printemps des villes
(elle joue à l’ange sous la pluie)
amenez moi la veuve au sourire effondré
amenez moi la fille difficile à rejoindre
et que je n’entende plus
une fois rentré dans l’ombre
la plainte confuse des bars
mais cette joie terrible qui monte des collines pour saluer l’orage