mercredi 12 mars 2008

V

L’ETERNITE AUX LEVRES

I

en buvant l’eau fraîche des arbres dans le pays de ma mère
quand ce sera la dernière fois de nous
faute de temps et de mémoire aussi
nous entretiendrons un feu dans la nuit la plus simple
car je sais qu’il ne brûlera pas en vain

II

j’entre ce soir dans la maison déserte
sous le saule pleureur l’ombre a tout saccagé
même le silence est différend dans l’été qui insiste
nous n’y perdrons seulement que l’attente

III

non ce n’est pas toi ni moi c’est le monde qui parle
c’est sa terrible beauté
au comble de l’accablement
je commence à croire que la nuit m’attend toujours

IV

et je m’en suis pris aussi à l’absence sous toutes ses formes
j’ai serré dans mes bras des apparitions sous le signe de la cendre
des amours multiples plus nouveaux que le premier
celui qui m’a fermé les yeux à l’espoir et à la jalousie

V

la vision trouée par le cri de Sisteron
la montagne avait un peu glissé
sans dégager aucune époque
chaque soir qui nous virent séparer

VI
l’aube du troisième jour fut celle de notre séparation
personne n’amuse l’amour l’amour n’amuse plus personne
et pour que nos espoirs puisent regravir nos cœurs
il nous faut ne plus rien voir ne plus rien entendre

VII

mort minuscule de l’été
déterre moi mort éclairante
maintenant que je sais vivre
je distingue déjà tes yeux nouveaux d’éternité

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